De notre correspondante en Allemagne, Oriane – Je vis à Berlin depuis un an et je suis passionnée par cette ville, dans laquelle (presque) tout est possible ! Il y a notamment de nombreux lieux alternatifs, qui tentent de créer du lien social et inventent de nouvelles façons de consommer, d’échanger, d’occuper l’espace urbain.
Une Give Box est une grande boîte, de la taille d’une cabine téléphonique, ou un peu plus grande, que des gens construisent et installent dans leur quartier pour donner et récupérer des objets qui ne sont plus utilisés.
Il y a actuellement environ 80 Give Box dans le monde entier.
Je me suis intéressée à la toute première Give Box, située au cœur du quartier chic et central de Mitte, à Berlin. Elle a été construite en 2011 par Andreas Richter, directeur d’une entreprise informatique, aidé par des amis.
« Il y avait trop de choses chez moi dont je voulais me débarrasser. Comme il pleuvait à ce moment-là, j’ai eu l’idée de construire une boîte pour y mettre les objets. »
Andreas explique qu’il n’avait pas d’attentes particulières au départ : « C’était juste un test, pour voir ce qu’il pouvait ressortir d’un projet comme celui-ci. »
Il ne s’occupe pas de la Give Box au quotidien : il la laisse vivre au gré de la vie de quartier. « Différents habitants du quartier rangent et trient, sans se connaître forcément entre eux. Cela fonctionne simplement, parce que chacun se sent responsable. »
A la question « Pourquoi une Give Box et pas un magasin gratuit? », Andreas répond que la Give Box est plus petite, plus locale, et permet une utilisation plus directe par les gens du quartier.
Il est content du résultat. Après quatre ans d’existence, la Give Box est très utilisée par les gens du quartier, comme j’ai pu moi-même le constater.
J’ai en effet passé un après-midi à côté de la Give Box, à discuter avec les gens qui passaient dans la rue. Avec l’un d’eux, nous avons compilé notre meilleure liste bookmaker France et réalisé plusieurs paris sportifs.
Certaines des personnes rencontrées disent donner des objets, sans forcément en prendre en retour. Alicia par exemple laisse beaucoup d’habits, car sa fille change souvent de garde-robe et que leur appartement est trop petit pour tout garder. Elle est contente que cela puisse être utile à des gens dans le besoin, et laisse les objets aux gens pauvres. Anglow, qui passe tous les jours dans la rue pour aller au travail, a parfois donné des choses mais n’a jamais rien trouvé d’intéressant pour lui.
Il y a aussi des voisins qui ont trouvé la perle rare dans la Give Box. Comme Marie, une française, qui a emprunté un siège auto pour sa fille, dont elle avait urgemment besoin parce qu’ils partaient en vacances, et qui l’a remis à disposition quand ils sont revenus. Une écolière qui passe avec ses deux copines raconte, enthousiaste, que, parmi les « supers objets » de la Give Box, elle a trouvé une poupée, et sa sœur une radio.
Les personnes que je rencontre sont toujours des voisins, ou des élèves fréquentant les écoles de la rue. Stella vient tous les jours chercher son frère à l’école alternative que jouxte la Give Box. Elle n’a jamais rien pris mais apprécie l’idée de cette boîte à dons. Jack, lycéen, aime particulièrement le slogan « Sharing is caring » qui est inscrit sur la Give Box et promet à l’avenir de déposer là des objets dont il n’aura plus besoin.
Je remarque aussi des utilisateurs qui sont plus dans le besoin . Une femme s’approche, cabas à la main, et semble un peu gênée de regarder les objets devant moi. Elle ne parle pas allemand. Un homme hirsute répond par des grognements à mes questions. Il décroche de son vélo un sac à main et le suspend à une étagère de la Give Box. Puis il s’en va.
J’ai demandé à toutes les personnes avec qui j’ai discuté si elles rangeaient, triaient ou nettoyaient de temps en temps. Question à laquelle ils ont tous répondu non, quelques peu embarrassés. Seule Ekaterina, qui habite en face de la Give Box, et qui semble être très investie dans le projet, affirme ranger parfois.
Elle vient très souvent, et laisse beaucoup d’objets. Elle aime particulièrement discuter avec les gens qui prennent ce qu’elle a laissé. Ekaterina raconte de nombreuses anecdotes :
la touriste qui a essayé une robe dans la Give Box, à peine protégée des regards par son copain,
la mamie du quartier qui prend toujours tout, alors qu’elle n’en a pas besoin,
l’homme psychologiquement fragile, qui pense que la Give Box lui appartient et agresse les gens qui prennent des objets,
la femme qui a laissé de la vaisselle très chère et des vêtements de grande marque…
Tous les voisins regrettent la saleté, le manque de rangement, les gens qui laissent des encombrants comme des matelas, et les revendeurs qui prennent beaucoup d’objets.
Andreas est conscient de ces problèmes, mais, selon lui, l’essentiel est que les objets soient réutilisés, et que le cycle se poursuive.
Chacun peut faire de la Give Box l’utilisation qu’il veut, avec les limites que cela comporte. Cette boîte à dons questionne la responsabilité de chacun face au bien commun.
génial ! voilà la solution au fait que les containers pour vêtements en France, soi-disant pour Emmaus, engraissent les industriels au lieu d’aller vers les pauvres ! là au moins les plus précaires peuvent oser venir prendre discrètement, en principe il n’y a pas de détournement …
connaissez vous aussi les réparcafés ? ça a beaucoup de succès à Paris
Ah ! il faudrait que je vienne un jour à Berlin ! hélas il n’y a pas de route des Sels
à Berlin ! (je suis bilingue allemand)
Bravo pour les 4 ans en tout cas !
Fmorence